L’atelier – un espace fragmenteux
Fragment, s. m. :
1/Morceau d’une chose qui a été brisée en éclats : les fragments d’un vase. Terme d’église : Petite parcelle de l’hostie rompue. Faire la collection des fragments de l’hostie. Ancien terme de pharmacie : les cinq fragments précieux, les fragments qui se détachent, pendant la taille, des cinq pierres précieuses, les saphirs, les grenats, les hyacinthes, les émeraudes et la cornaline, auxquels ont attribuait des propriétés cordiales.
2/Fig. Ce qui est resté d’un livre, d’un poème perdu. Les fragments d’Ennius.
3/Morceau d’un livre, d’un ouvrage qui n’est point encore terminé ou qui n’a pu l’être. Sous le titre de Pensées, Pascal n’a laissé que des fragments d’un livre qu’il projetait sur la religion chrétienne. Morceau détaché qui a l’air d’un fragment d’ouvrage et qui cependant n’a jamais été destiné à entrer dans un ouvrage. Publier des fragments. Fragments historiques.
Morceau extrait d’un ouvrage. Il cita un long fragment de Cicéron. Fragment pur, se dit chez les jurisconsultes, d’un fragment tiré directement d’un auteur, par opposition aux fragments empruntés à un citateur ou à un commentateur.
Fragmenteux, euse, adj. Terme didactique. Qui résulte d’un assemblage de fragments.
Fragmentiste, s. m. Terme de littérature. Mot nouveau introduit pour désigner les auteurs qui n’ont écrit que des fragments.
Dictionnaire Littré cité par Louis Marin. Pascal et Port-Royal. Presse Universitaire de France, 1997. P. 52.
Après une longue absence dédiée à des technologies de surfaces aussi appelées pour certains peinture(s) il reprend le fil de sa réflexion. Il assemble, rapproche, des figures pour lui incontournables, faites de dissemblances et de ressemblances, faites de logique, d’analogie et de tautologie. L’ensemble n’est pas stable, il évolue constamment induisant des modes kaléidoscopiques de pensées. Dans cette Image(s) se rencontrent des figures oubliées, des dessins délaissés, et de nombreuses machines dont l’usage n’est plus connu. L’ensemble ne semble pas destiné à être vu, ni lu d’ailleurs et pourtant il se donne à voir et à lire dans une insouciante présence qui se préoccupe peu de l’histoire, celle qui se conte, se raconte, s’apprend, se récite et déroule sa tranquille et insupportable certitude. Le soir il range et le lendemain matin recommence avec les mêmes éléments sans se souvenir de ce qu’il avait fait la veille. Il ne sait pas si il se répète, recommence encore et encore la même chose chaque jour, ou invente de nouvelles possibilités de jour en jour. Cela lui importe peu, c’est une occupation du temps et de l’espace, occupation qu’il ne fixe jamais ni dans le temps, ni dans l’espace, ne voulant pas savoir « ou il en est » pour reprendre cette expression commune qu’il trouve insupportable ou détestable selon son humeur. Le lieu est devenu le sujet et cela de manière insidieuse, sans volonté de sa part, sans théorisation implacable et non négociable : c’est ainsi. Il n’a pris aucunes décisions et regarde les machines perceptives un jour fabriquées, et aujourd’hui sans usages particuliers et connus. Que faire ?
La mise en place de ce délaissement et de ces oublis, son organisation modifiée de jour en jour constitue un travail régulier, ennuyeux, apparemment sans utilité, mais il ne peut faire sans. L’organisation de cet ensemble lui prend beaucoup de temps, de ce temps qu’il regarde comme une image – une image qui le regarde – depuis trop longtemps. Cette organisation suppose l’invention d’outils spécifiques, outils qui n’existent pas encore, outils qui restent à inventer, et il s’interroge sur les conséquences de cette possible nécessité.